Résumé du vendredi 7 juin :
Aujourd’hui, je commence mon Advanced ! Nous sommes trois en plus de l’instructeur : une nana sympa et un anglais. J’ai fait deux plongées cette après-midi, une à Aow Leuk, une à Hin Gnam, deux sites de plongées peu profonds, les mêmes que j’avais fait il y a deux jours. Ce n’est pas les sites les plus beaux, ni les plus intéressants mais ils permettent de faire les exercices des diplômes. A la première plongée, nous apprenons la navigation, c'est-à-dire apprendre à se repérer dans l’eau, avec une boussole, et sans. Moi, qui, sur terre, n’ai aucun sens d’orientation et ne sait pas me servir d’une boussole, ce n’est pas gagné ! En plus, il faut faire des calculs mentaux par rapport aux points cardinaux. Pas facile mais ça a été a peu près. On a du faire un aller et faire le retour grâce à la boussole, faire un carré (avec angle droit) et revenir exactement au point de départ, faire un parcours et revenir sur ses pas juste en ayant repéré les coraux, les cailloux… A la deuxième plongée, nous devions faire la spécialisation « perfectionnement de la flottabilité » (j’avais malheureusement abandonné l’idée de la photo), mais le site ne s’y prêté pas alors nous avons fait « identification des poissons ». Je suis un peu déçue de ne pas avoir appris de nouvelles choses en flottabilité mais l’instructeur nous a dit que nous gérions bien tous. Pour les deux plongées, dès que nous avons fini les exercices, nous sommes allés finir la bouteille en exploration.
Résumé du samedi 8 juin :
Ce matin, rendez-vous à 7h pour nos deux plongées du matin : la plongée profonde à 30 mètres et celle d’exploration d’épave. Nous partons vers Chumpong Pinnacle, un des sites les plus réputés. Ah, enfin ! On voit la différence ! Je n’ai jamais plongé aussi profond et c’est à ce moment que je me dis que je ne regrette pas d’avoir passé mon Advanced ! C’était vraiment sympa d’être si loin, en plus, pour la première fois, il y avait une très bonne visibilité. Par contre, il y avait un monde fou, c’était une autoroute de plongeurs ! Avec les masques, on a de sacrés angles morts, du coup, on se fonce tous un peu dedans, c’est plutôt drôle ! Dans le Routard, ils disaient « il y a tellement de plongeurs que, si, en remontant votre binôme parle une drôle de langue, c’est que vous vous êtes trompé de palanquée. » Nous avons vu de belles choses dont pas mal de gros Triger Fish = poisson baliste. Il faut faire attention car ils peuvent mordre férocement. Malheureusement, pas de raies Manta ou de tortues ; elles ne sont apparemment plus visibles dans ce coin. Par contre, il y a trois semaines, des plongeurs ont vu un requin baleine à cet endroit. J’en rêve, c’est énorme ! Cela aurait été trop beau…
Aux alentours de 30 mètres, il faut faire attention à l’ivresse des profondeurs (en français), la narcose à l’azote (en anglais). La profondeur crée un sentiment de bien-être, d’ivresse, d’euphorie. Le problème, c’est que ça peut ne pas s’arrêter là. Les sujets sensibles à la narcose à l’azote peuvent avoir des délires et faire de grosses bêtises. Le pire que mon instructeur ait vu, c’est un élève qui faisait de la guitare avec sa palme ; ça reste marrant et pas grave. Le pire qu’il ait entendu, c’est un élève qui faisait le papillon, oui, mais sans détendeur, sans masque, sans rien et il ne voulait pas remettre son détendeur en bouche ! Là, ça peut vite dégénérer… Bref, pour contrôler dans quel état nous sommes, nous allons faire des exercices au fond de l’eau. Certains doivent écrire leur numéro de téléphone à l’envers, d’autres repérer et écrire les couleurs… L’instructeur nous prévient qu’il a déjà vu des choses marrantes (violet = moutarde, vert = jaurange…). Avant de plonger, nous appréhendons un peu nos éventuelles futures bourdes ! Au final, tout va bien, aucun de nous trois n’est narcosé.
L’épave est d’environ 60 mètres, c’est impressionnant. Nous ne pénétrons pas à l’intérieur (il faut être spécialisé) mais nous en faisons le tour. En fait, c’est un navire américain qui a servi lors de la seconde guerre mondiale mais… qui a été rapatrié et coulé il y a deux ans, exprès, pour l’intérêt de la plongée. Cela casse un peu le mythe, du coup. C’est quand même fort en émotion d’imaginer qu’il y a eu quelqu’un assis sur ce siège, derrière le canon avant ; qu’un capitaine était dans cette cabine… Les poissons ont envahi l’intérieur, les algues montent les escaliers menant à l’arrière du bateau… C’était quelque chose que je voulais faire depuis longtemps, je suis contente !
Pendant mes plongées, Dav n’est pas malheureux, il bouquine près de la plage ou de la piscine, prend l’apéro avec les copains français… Ca lui va très bien !
Le soir, je le laisse au volley sur la plage (une équipe de thaï contre une équipe de « blancs ») et je pars en plongée de nuit. Le rendez-vous est à 18h. Nous partons vers un site peu loin. Nous nous équipons et nous mettons à l’eau entre chien et loup. La nuit tombe rapidement. J’avais déjà fait une plongée de nuit à la Réunion. J’avais vu de belles choses : une énorme tortue d’au moins un mètre, et des poissons perroquets endormis dans leurs bulles de protection. Ce qui m’avait marqué, c’était surtout la sensation de ne plus savoir où est la surface, où est le sol, de ne pas savoir si j’ai la tête en bas, ou pas… Rien de tout ça pour cette plongée, mais encore plus de magie. A un moment, nous nous sommes assis, à quatre, au fond de l’eau et nous avons éteint les lumières. En bougeant les bras, nous faisons s’éclairer le plancton fluorescent. C’est magique, c’est une pluie d’étoiles, un ballet de paillettes au moindre mouvement… Splendide. Si j’étais seule, j’aurais oublié de remonter ! Ce que j’oublie souvent, au fond de l’eau, c’est de respirer ! Je suis tellement absorbée par ce que je vois, que j’oublie d’inspirer dans le détendeur, du coup, je remonte.
Nous voyons une raie pastenague à points bleus, qui tente de se camoufler dans le sable ; un poisson ballon porc-épic avec ses grands yeux de bisounours (il est trop mignoooon, j’en veux un à la maison !), et tous les habituels. En remontant à la surface, un autre spectacle s’offre à nos yeux : le ciel se pare d’un manteau noir aux milles étoiles (des vraies ce coup-ci). On est seul dans l’océan, allongé sur le dos, et on admire le ciel. Sur le bateau, sur la route du retour, on s’extasie devant les éclairs, au loin, qui transpercent le ciel et ses nuages. Trop d’émotions pour un seul soir ! Magique !
Résumé du dimanche 9 juin :
Ce matin, lecture et repos dans un bar, au bord de plage, où il y a une piscine. A chaque fois que nous allons dans ce bar, nous nous attendons à consommer. Normal, tu t’y installe donc tu es obligé, d’autant plus qu’on profite de la piscine. Mais non ! Ici, tout le monde s’en moque ! On y passe des après-midi entières sans débourser un centime. Cool !
Cette aprem, nous voulons aller à la plage où nous pouvons apercevoir des requins : Shark Bay. C’est un peu loin pour faire l’aller-retour à pied donc on se tâte : soit on fait l’aller à pied et le retour en taxi boat, soit on part en canoë. J’arrive à motiver Dav pour le canoë donc nous voilà partis. Arrivés en pleine mer, révélation ! On a oublié les masques et tubas ! Pfff, on se les porte depuis un mois et quand on en a besoin, on ne les a pas ! C’est un oubli qui nous coutera cher car arrivés sur place, nous en louons au prix fort. Quelles petites têtes !
Le site de snorkelling est déjà pas mal en lui-même ; les coraux ne sont pas terribles mais il y a de beaux-gros poissons à voir : poissons perroquets, balistes, Nemo dans son anémone, poissons papillons… C’est sympa !
Au bout de la plage, il y a plus de profondeur, David et moi partons à la recherche de nos requins. Des gros poissons multicolores, des gros rochers… et là, derrière un banc de poissons jaunes, un petit requin à pointe noire d’environ 60 cm ! Nous voulons le voir de plus près et le prendre en photo mais il nous n’en laisse pas le temps. En deux-trois slaloms, il est parti. Nous en recroiserons un autre petit, tout aussi rapide. Même si c’était des juvéniles, c’est impressionnant quand même ! Encore une première fois à rajouter sur la liste.
Par hasard, nous retrouvons des copains français sur la plage et nous nageons un peu avec eux.
Au retour, bonne douche. Aujourd’hui, 2h de canoë, 2-3h de nage et plongée. Qu’on arrête de dire que je ne suis pas sportive ! Il faut juste me donner une mer (chaude) à côté de chez nous ! N’empêche qu’on a quand-même mal partout.
Le soir, apéro au bar des plongeurs avec les copains.
On se sent piégé sur cette ile. Il fait beau, la mer est chaude (même trop, en fait. Si si, c’est possible que ça soit désagréable !), les fonds de snorkelling sont supers, ceux de plongée encore mieux, et il y a surtout une très bonne ambiance. Le coin sud, où nous sommes, rassemble pas mal de français. Par hasard, nous croisons les uns sur la plage, ou au bar du club de plongée, les autres au café français (qui est devenu notre cantine) ou au seven-eleven (le carrefour market du coin). On a l’impression d’être une grande famille dans un petit village. On n’arrive plus à partir. C’est bien simple, de toute façon : tout le monde est arrivé à Koh Tao avec l’idée d’y passer 3 jours et de faire une plongée classique. Tout le monde repart un mois après avec un diplôme d’open water et d’advanced en poche… Nous sommes partagés : pourquoi partir si nous sommes si bien ici ? En même temps, ici, nous ne découvrons pas vraiment la vie locale de la Thaïlande. Nous sommes entre français, nous ne découvrons pas de nouveaux coins… Notre seule « contrainte » (si on peut appeler ça une contrainte !) est d’être dans dix jours à Chiang Mai, dans le nord, pour récupérer ma maman qui nous rejoint pour 3 semaines ! On verra bien d’ici là.
Au bout de 5 semaines et demie, petit point sur notre sac à dos, juste pour le fun. Notre dentifrice a un gros trou au milieu (il s’est fait croquer par un animal, une souris ?), ma pochette de drap en soie a subi le même sort, mon drap en soie aussi, il est rempli de trous. La pointe de notre couteau est cassée, suite à une tentative ratée de débouchage d’évier. Le tupperware sent un mélange de vache qui rit, de biscuit au chocolat de fruits trop murs. Certains vêtements sont couverts de tâche de sang, souvenirs des sangsues, ou de tâche tout court. Le sac de Flo sent le coquillage mort, conséquence de ramassage de trouvailles. Nous avons perdu deux paires de chaussettes, une serviette, un caleçon et une culotte (on ne comprend pas où ils ont pu passer !). Malgré tout, nos sacs sont de plus en plus lourds. Aux dernières nouvelles, celui de Dav était à 14 kilos et le mien à 13 kilos. Les duvets et les ponchos-sac ne nous ont pas servi une seule fois.